De la drogue dans nos assiettes

la nourriture nous rend accro

Savons-nous exactement ce qu’il y a dans nos assiettes ?

Le dernier scandale sur l’origine de la viande utilisée dans les barquettes de lasagnes préparées prouve que non. La viande chevaline, moins chère et plus rentable à l’industriel, nous était vendue pour de la viande de boeuf, sans scrupule.

S’il fallait déjà être scientifique pour pouvoir décrypter une étiquette parmi les 8000 références en moyenne qui envahissent les rayons des supermarchés, nous, les consommateurs, devons désormais douter de la fiabilité des informations énoncées. Percer le mystère de notre alimentation est devenu un cauchemar. En abusant de notre confiance, l’industrie agroalimentaire, a révélé combien elle était prête à jouer avec notre santé.

Chips, gâteaux, céréales du petit-déjeuner, plats préparés,… en 50 ans, l’alimentation industrialisée a su se rendre indispensable. Les produits de cette industrie florissante occupent trois fois plus de rayonnage que les fruits et légumes dans les supermarchés. A table, dans nos assiettes, elle représente 80 % de ce que nous ingurgitons. Facile, rapide, omniprésente, abordable et pas mauvaise, elle est incontournable et… irrésistible.

Obésité, diabète,… l’OMS a beau tirer le signal d’alarme sur ces épidémies galopantes directement liées à notre régime alimentaire industrialisé, riche en calories et pauvre en éléments nutritifs, nous ne changeons rien à nos habitudes jusqu’à nous rendre de plus en plus malade. Quelle est la recette qui nous rend aussi accrocs à ces aliments ?

Documentaire. Réalisé par Sylvie Deleule et Rémy Burkel.
Produit par Program33, Eklektik Productions et RTBF.
Avec la participation de France Télévisions, Planète+, RTS Radio Télévision Suisse, TV5 Monde, RDI/Radio Canada et Centre National
du Cinéma et de l’Image animée.

 

L’enquête est menée par Rémy Burkel, un journaliste franco-américain aux USA et en France.

Le constat est le suivant : manger trop et mal, c’est tomber malade à tous les coups. 3 millions de personnes chaque année meurent des suites d’une surcharge pondérale.
Nos ancêtres mangeaient pour assurer leur survie, nous on ne mange plus ce dont on a besoin, mais ce qu’on aime.

Aimer le sucre, c’est complètement naturel. Déjà tout nourrisson, nous avons une préférence très affirmée pour la saveur sucrée. Mais quand on fait nos courses, il n’y a pas que nos goûts qui guident nos choix, il y a le marketing des industriels et leur packagings pour nous faire acheter leurs produits. L’industrie élabore et tranforme 80% de ce que nous mangeons.

Les produits transformés sont bourrés de produits chimiques, il peut y avoir jusque 50 composés dans un même produit, le cerveau humain n’a jamais été programmé pour subir un tel assaut chimique ! Dans les produits naturels : 1 produit = 1 composé !

Dans ces produits, la plupart du temps on y a enlevé les fibres qui donnent la sensation de satiété (bien utile pour contrôler son poids!), et à la place on a ajouté des éléments qui maximisent les propriétés sensorielles. Et tout cela explose dans un bouquet de sensations avec des arômes, des odeurs…
Cela fait augmenter les ventes, mais les maladies aussi …

Le sucre fait passer tous les autres composants.
Tout ce qui est estampillé « enfants » est extrêmement sucré depuis les petits pots pour bébé en passant par les céréales de petit déjeuner, les collations …
Nous éduquons nos enfants au sucre depuis leur plus jeune âge.

Qu’est-ce qu’une addiction à la nourriture?
Le journaliste donne l’exemple de la feuille de coca machonnée par les boliviens.
La feuille de coca ne rend pas accro, par contre si dans un labo on extrait la molécule, elle devient plus active et plus concentrée et alors là, elle percute votre sang et votre cerveau. C’est beaucoup plus addictif.

Les sucres, graisses, sel, qui agissent sur notre circuit nerveux de la récompense sont extraits et concentrés dans ces produits industriels (par ex : petits gâteaux, biscuits, …) et provoquent de vraies décharges dans notre cerveau.

Il relate une expérience menée par des chercheurs du CNRS ; ils ont injecté de la cocaïne par voie intra-veineuse chez des souris, puis après leur laisse le choix entre une injection (ils n’ont qu’à appuyer) de cocaïne et une boisson très sucrée, la grande majorité des souris se détourne de la cocaïne pour boire de plus en plus de sucre.

Une autre expérience est menée sur notre journaliste, il lui font un scanner du cerveau.
45 min après l’ingestion d’un milk shake au chocolat, les zones de la récompense dans son cerveau s’allument. Après ils comparent l’IRM de notre journaliste avec celui (mêmes conditions d’expérience) de quelqu’un vraiment dépendant à la nourriture, et on constate la différence ; beaucoup plus de zones sont activées, l’IRM du cerveau de l’accro à la nourriture ressemble à un arbre de Noël !
Il y a une gradation entre consommer ces substances addictives, puis en abuser, et pour finir ne plus pouvoir s’en passer.

Tous les industriels sollicités pour ce tournage ont décliné l’offre de participation (Nestlé, Kraft, Danone, …)
Ben tiens donc …

1.400 millions d’êtres humains sont en surpoids, c’est plus que ceux qui souffrent de la faim. Il y a plus de 5 millions d’obèses, ce chiffre a doublé en 1 génération, et ont suivies dans le sillage, des maladies comme le diabète, les maladies cardio-vasculaires, …

Dernièrement l’Europe a du légiférer sur l’information au consommateur sur les emballages des produits alimentaires transformés. Le système le plus efficace et le plus simple (existe déjà en Allemagne,en Espagne et au Portugal) était un affichage de feux tricolores. Cet affichage aurait permis au consommateur, en un coup d’oeil, de faire la différence entre les produits sains, bon pour la santé et les autres.
Les industriels se sont mobilisés contre ce projet, ils ont mis une pression énorme sur les députés européens, ont fait du chantage à l’emploi, à la délocalisation, on dépensé un milliard d’euros pour faire des contre-études.

La plupart des slogans santé des industriels sont de la poudre aux yeux pour les consommateurs, trop sont non fondés et toujours sur le marché.
Pour exemple, Ferrero, pour son produit Nutella a été condamné sur le marché USA pour publicité trompeuse et à du s’acquitter de la modeste somme de 3 millions de dollards ! A quand chez nous?

En France on assiste à une évolution majeure des maladies chroniques qui affectent aujourd’hui 16 millions de personnes dont 2 millions et demi de diabétiques.

On estime le coût des affections de longue durée (ALD) à 7.000€ par personne par mois contre 1.000€ pour quelqu’un « en bonne santé ».

Certains pays prennent des mesures contre la malbouffe, par exemple, le Danemark, depuis deux ans, taxe tout ce qui est gras et sucré.
On peut considérer ces outils économiques comme des outils pour changer le comportement des consommateurs. Les produits malsains sont plus chers que les produits sains. En espérant que cela aide les gens à faire les bons choix.
L’industrie agro-alimentaire plaide pour sa part pour « le choix volontaire » du consommateur.
Mais le consommateur a-t-il vraiment le choix? cela impliquerait qu’il soit vraiment informé, ce que cette même industrie redoute au vu de l’énergie déployée au parlement européen !