Manger peut-il nuire à notre santé ?

A-t-on jamais pensé qu’un jour nous poserions cette question?

Pommes, porc, saumon et pain : quatre des aliments les plus consommés en France ont été traqués par la journaliste Isabelle Saporta et analysés par cinq scientifiques.
Point de départ du film, l’analyse de sang d’Isabelle Saporta laisse apparaître un nombre incroyable de produits chimiques: résidus de pesticides, métaux lourds ou même DDT. Pour les experts réunis à l’occasion du film, ce n’est pas une surprise: notre alimentation industrielle nous expose à de multiples substances toxiques.

« Avant les années 50, tout le monde mangeait bio, aujourd’hui, tout le monde mange chimique. Il y a plus de 100 000 molécules chimiques qui ont été inventées dans le monde en moins d’un demi-siècle, et on les retrouve toutes dans l’environnement et dans notre alimentation.« Le réalisateur Eric Guéret a ainsi souhaité comprendre comment ces substances se retrouvent dans nos assiettes et quel impact l’alimentation chimique a sur notre santé. »

Isabelle Saporta est ensuite partie à la traque de ces substances à la source, dans les champs et les élevages. Manger une pomme, c’est bon pour la santé ? Pas toujours quand on sait que les producteurs les aspergent de pas moins de 26 traitements avant de les cueillir et que l’on retrouve cinq résidus de pesticides différents lorsqu’on les analyse !

Ce documentaire a été diffusé sur FR3, coproduit par France Télévision.
Ce sont les questions que peut légitimement se poser le consommateur lamda, qui a pris conscience que l’agriculture et l’élevage intensif, n’ont sans doute pas que du bon.

Documentaire très bien fait, qui vaut la peine d’être vu dans son entierté.
Pas de débats passionnels, mais un panel d’experts qui expliquent les incidences de tous ces produits chimiques sur notre santé. Tout ce qu’on ne vous dit pas en général.
Autant savoir pour ne pas mourir idiot 😉

Au fil du visionnage de ce film, j’ai pris des notes au vol, je vous en livre le résumé, impossible de raconter tout le film, de relater les témoignages, ni d’en rendre son essence, mais pour ceux qui n’ont pas le temps de tout visionner, c’est mieux que rien  :

Dans la prise de sang de la journaliste (choisie parce qu’elle est trentenaire et se nourri plutôt sainement, pas le prototype de la « malbouffeuse »), se retrouve une quarantaine de résidus de pesticides différents, autant vous dire qu’on est tous logés à la même enseigne.
Parmi ces pesticides on retrouve des pesticides interdits en France (tiens donc, où sont les contrôles?). Comme corollaire, il semblerait que chez la moitié des femmes enceintes, on retrouve dans leurs urines des pesticides interdits. Quand on sait que le foetus est le plus vulnérable à l’action des cancérogènes, il y a de quoi inquiéter.
76.000 tonnes de pesticides étendus chaque année, la France est le plus gros consommateurs de pesticides en Europe ! parmis les légumes, après analyse, 1 sur 10 contiennent des doses de pesticides supérieures aux normes autorisées. On est exposé tous les jours à 20 ou 30 résidus différents à travers tous les repas de la journée!

A la question : vivra-t-on plus vieux que nos parents? affirmation qui revient très souvent dans le discours scientifique, ici notre panel d’experts répond : qu’on maitrise actuellement mieux les microbes, ce qui a participé à l’augmentation de l’espérance de vie, mais aujourd’hui avec les quantités incroyables de toxiques qu’on déverse dans la nature, il y a urgence pour les générations futures, l’espérance de vie pourrait tout-à-fait s’effondrer !

Ils ont mené l’enquête sur les 4 produits les plus consommés par les français : le pain, les pommes, le porc et le saumon. Vous n’allez pas être déçus !

Les pommes: l’enquête

Les pommes sont traitées avec des « produits phyto-sanitaires » (on ne dit plus pesticides dans le monde agricole, c’est un terme banni) 26 fois avant que vous ne les consommiez. Même en les épluchants, il y a des résidus de pesticides, à l’analyse, on en retrouve 5 différents.

Ce sont les agriculteurs qui sont les plus touchés par ces épandages de pesticides, l’Inserm est formel : il y a deux fois plus de risque pour un agriculteur d’attraper la maladie de Parkinson ou un cancer, mais il y a une espèce d’omerta qui sévit dans le milieu, la consigne, c’est « tais-toi et continue ta route ».

On a bénéficié d’une alimentation conventionnelle jusqu’en 1950, aujourd’hui l’idée dominante est qu’il ne serait pas possible de nourrir la planète sans ces pesticides, nos experts prétendent le contraire, c’est encourageant !
Les agriculteurs n’osent pas abandonner ces produits chimiques de peur que leur rentabilité s’effondre, et de fait, à l’arrêt des produits, il faudra 2-3 ans avant que la terre ne reproduise normalement.
Les rendements de l’agriculture intensive, sont deux fois supérieurs à ceux du bio.

Le pain : l’enquête

En France, chaque français consomme 100 kg de pain/an.
A l’analyse, on y retrouve 2 pesticides en quantités importantes, et surprise ce ne sont pas les pesticides qui sont employés lors de la culture, mais bien lors du stockage dans les silos pour empêcher l’attaque des insectes, le blé baigne dans ces pesticides pendant de longs mois.

Il y a bien une solution, les silos réfrigérés, mais ils sont chers, et seulement quelques coopératives en possèdent. Là il n’est besoin d’aucun pesticides de stockage.

Dans les pains industriels on retrouve bien évidemment ces pesticides de stockage et en plus grande quantités dans le pain complet que le pain blanc, normal puisqu’on y consomme l’enveloppe de la graine qui a été en contact direct avec ces pesticides.
En Europe, 200 additifs sont autorisés pour la fabrication des pains spéciaux. Ces additifs sont des produits de synthèse qui ont toujours des conséquences pour notre santé, et il serait temps qu’il y ait une réglementation plus stricte.

Dans le reportage, vous verrez un artisan qui fait son pain lui-même et qui se prête à l’expérience de faire un pain à partir d’un mélange industriel qui simplifie et raccourci de 10x le temps de fabrication. C’est une pâte « morte » et la différence au niveau du pain fini est impressionnante !

Le porc : l’enquête

Le porc aujourd’hui est la viande la plus consommée en France, des recherches génétiques ont été menées pour contenter la grande distribution.

L’univers porcin est un univers très fermé, hostile à la présence des caméras, l’équipe de journaliste a pu entrer et filmer deux élevages, c’est un exploit.
Le premier est une des plus grande porcherie de France, l’éleveur explique les manipulations génétiques qui ont été faites au fil du temps pour obtenir l’animal le plus « conforme », ce qui en fait un animal très fragile privé de ses défenses naturelles. La reproduction se fait par insémination artificielle.
l’engraissement et les conditions d’élevage provoquent différentes maladies respiratoires et digestives qui sont traitées par des médicaments.

Les éleveurs (dans leur ensemble, pas particulièrement ceux du reportage) disent ne plus employer d’antibiotiques, mais les ventes d’antibiotiques restent stables et la moitié des antibiotiques consommés en France, le sont par les porcs.
Le problème est qu’il n’y a pas de politique de contrôles répétés par les agences sanitaires, sans doute par manque de moyen, la stratégie repose sur l’auto-discipline et le volontariat du secteur agro-alimentaire !
Nos experts proposent que la même politique d’auto-discipline soit appliquée au citoyen en matière de conduite automobile et on verrait après quelques temps les effets sur morts par accidents de la route … Si les autorités pensent que c’est différents pour les éleveurs, c’est faire preuve de naïveté … ou de compromission ;).

Le dernier contrôle possible donc, avant que la viande n’arrive dans notre assiette, est l’abattoir.
Ils s’y sont donc rendus et voici la situation  : dans l’abattoir visité, ils abattent 45.000 porc par semaine, donc 9.500 par jour. Il y a 12 vétérinaires pour contrôler 9.500 carcasses, cela fait 30 secondes par porc (s’ils travaillent non stop, sans pause).
A la question des tests effectués, il n’y a que le contrôle visuel, pas facile pour détecter les antibiotiques et autres produits illicites !

Quand on prend le cas particulier du jambon, il est bourré d’additifs, notamment des nitrates et nitrites, polyphosphates, additifs colorés, … Il est donc déconseillé d’en manger régulièrement, particulièrement par les enfants !

Ce n’est que dans l’après-guerre qu’est né l’élevage intensif, avant cela, les vaches vivaient en extérieur dans les pâturages et broutaient l’herbe, ce qui donnait une viande riche en oméga3, qui est un nutriment vital pour nous.
Aujourd’hui leur viande est pauvre en oméga3 et riche en oméga6 qui provoquent un déséquilibre dans notre biologie. Les experts vous expliquent l’importance des oméga3 et du déséquilibre entre les deux, je vous passe les détails.
Pour résumer, les oméga6 (dans leur grande majorité) sont inflammatoires, coagule le sang et stimule la croissance des cellules dans le corps, l’inverse des oméga3. Tant que les deux sont en équilibre tout se passe bien.
Ce n’est évidemment plus le cas depuis l’alimentation industrielle, et chez un adulte, les seules cellules qui peuvent croîtrent à l’infini … sont les cellules graisseuses, et les cellules cancéreuses.

Un oeuf en 1960 contenait autant d’oméga3 que d’oméga6, ce qui en faisait un aliment santé. Aujourd’hui il contient 20x plus d’oméga6 que d’oméga3 ce qui en fait un aliment pro-inflammatoire qui stimule la croissance de nos cellules.
Conclusion : pour bien nourrir les hommes, il faut bien nourrir les animaux.

Il y a une solution (qui ne tient pas compte des conditions de vie de l’animal mais qui améliore la qualité de sa viande), mélanger des graines de lin (riches en oméga3) à leur nourriture.
Des tests ont été effectués, le résultat est le même que si la vache avait brouté de l’herbe.
Alors pourquoi cette mesure ne se généralise-t-elle pas ? je vous le donne en mille ;), ça coûte plus cher , 2€ par carcasse, c’est-à-dire 2 centimes par kg de viande ! Il n’y a pas de petites économie.
Les éleveurs gagnent déjà moins que par le passé, il semblerait que ce soit la responsabilité de la grande distribution qui refuse de baisser ses marges.

Les scientifiques ont fait une études en donnant 80gr de pain au lin dans la journée à un échantillonnage de personnes.
Le résultat est spectaculaire : en 1 mois, diminution de 8% du cholestérol LDL (le mauvais) et de 35% des triglycérides, résultat équivalent à certains traitements par médicaments (sans les effets secondaires, ça c’est moi qui rajoute).

Le saumon, l’enquête

L’enquête est menée en Norvège qui produit la quasi totalité du saumon mangé en France.
Chaque français mange en moyenne 2kg 1/2 par an, le saumon sauvage a quasiment disparu, remplacé par le saumon d’élevage.

Il leur a fallu 6 mois pour obtenir l’autorisation de tournage, ils sont reçus par le plus gros producteur de saumon au monde.

Ils élèvent 700.000 poissons dans 12 cages, dans un Fjord profond avec l’océan en face pour les courants sous-marins (quand on sait quelle pollution ces élevages engendrent … comme ça, ni vu, ni connu).

La responsable explique que ces 20 dernières années l’élevage a beaucoup évolué, là aussi des manipulations génétiques, on arrive à des poissons qui grandissent et grossissent deux fois plus rapidement. C’est le marché qui impose ses critères.
Aujourd’hui le commerce du poisson, c’est toute l’année, on manipule les géniteurs pour leur faire pondre toute l’année grâce à une modification de la température de l’eau et de la lumière.

Ils sont nourris à base de granulés, à l’époque du reportage, composés de farines de poissons et d’huiles végétales.  Depuis l’été dernier, ils ont l’autorisation de l’Europe de nourrir leur poissons de farines animales, qui coûtent moins cher, ça m’étonnerait qu’ils s’en privent (pas dans le reportage).
Et alors où cela devient surréaliste … ce sont les clients (grandes chaînes de distribution) qui choisissent la couleur du poisson, c’est comme pour peindre un mur, il y a un référentiel de couleurs que vous voyez sur la photo, et les clients disent : « c’est cette couleur là que je veux, elle est jolie « .

Avant c’étaient des colorants naturels à base de crustacés et de crevettes, aujourd’hui ce sont des substances chimiques qu’on rajoute à la nourriture du poisson.

Puis on arrive à l’abattoir de poissons, c’est moins insoutenable que les abattoirs de bétail, mais c’est pas terrible non plus. Je vous passe les détails.
Une fois les poissons électrocutés, vidés pour certains encore vivants, et nettoyés, il reste (dans l’abattoir visité), 5 tonnes de « déchets » chaque jour (tête, queue, collier) qui sont expédiés dans les pays où la main d’oeuvre n’est pas chère pour être décortiqués et réexpédiés en France pour les plats préparés (bon appétit). De nouveau, contrôles insuffisants, traçabilité impossible.

Il y a encore beaucoup de choses à rapporter … mais ce serait trop long, on passe aux élevages bio.

La question que se posaient nos enquêteurs était de savoir si les conditions sont meilleures dans le bio.
Dans l’élevage visité, les cages étaient en pleine mer, et la densité des poissons dans les cages était de 2x inférieures, leur nourriture, huiles et farine de poissons sauvages.
Là on se retrouve confronté à la pollution des océans, ç’est à dire que tous les poissons du globe sont contaminés par les PCB et les dioxines. On pourrait « nettoyer » les farines, mais il y a un coût … Aujourd’hui ce n’est pas d’actualité, donc les poissons d’élevage « bio » sont aussi contaminés.
Les journalistes ont interrogé les instances de sécurité françaises sur les contrôles réalisés, elles ont refusé de répondre.

Aujourd’hui on ne trouve pas de thon, à travers le monde, avec un taux de mercure en dessous de 1mg par kg de poids, et très souvent c’est plutôt 2,3,4 mg et ça passe à travers tous les contrôles.
Je vous rappelle que plus le poisson est gros, prédateur, vit longtemps, plus il est chargé de métaux lourds.
On recommande donc de manger les petits poissons gras, comme la sardine, le maquereau, le hareng, l’anchois … Il ne faut pas s’en priver le bénéfice des acides gras oméga3 reste supérieur à toxicité liée à la charge en métaux lourds.

Tous ces toxiques sont lipophiles, c’est-à-dire qu’ils sont dissous dans les graisses et l’organisme ne fait pas de tri, il prend tout.

Et pour finir, …

Sur le chemin du retour, dans le train, ils ont acheté un repas standard, fait d’un sandwich, un cake, des fruits, une boisson, … et ils ont analysé.
On y retrouve toutes les filières rassemblées dans un même repas, cela veut dire une exposition à un cocktail de toxiques et, comme si cela ne suffisait pas, des additifs en tout genre que l’agro-alimentaire y a rajouté, des E en pagaille, correcteurs d’acidité, émulsifiants, acidifiants, colorants, anti-oxygène, épaississants, gélifiants, stabilisants, conservateurs, …

Au final 18 additifs dans le sandwich, 12 dans le cake, du mauvais gras et du sucre en surdose pour un repas banal.

Leur conclusion; plus de 90% des produits industriels proposés au consommateur sont déséquilibrés sur le plan nutritionnel.
Au 19ème siècle, on consommait 5kg de sucre par an, par personne, en 2000 en France, c’était 37,5 kg de sucre par an, par personne, vous imaginez pour une famille de 4 personnes, ça fait 150kg de sucre !
Le pire ce sont les boissons sucrées, 12 morceaux de sucre pour une canette de coca !

les risques, vous les connaissez; toutes ces maladies dites « de civilisation » à commencer par l’obésité, le diabète de type2, les maladies cardiovasculaires, les cancers, les maladies dégénératives …

En 25 ans, le nombre de cancers est multiplié par 2.

Voilà, et ce n’est qu’un pâle résumé …

Vous ne pourrez pas dire qu’on ne vous a pas prévenu … mais si vous préférez ne pas savoir, c’est votre choix.

Pour votre information, un reportage sur les saumons d’élevage en Norvège qui date d’il y a +/- 1 an a été diffusé dans l’émission « Envoyé spécial ». Je ne l’ai pas retrouvé sur Utube

Par contre en 2012, ce reportage était diffusé sur FR3 : voici le lien de l’article que j’avais mis en ligne à l’époque, avec la vidéo :

http://murielortmans.be/le-scandale-des-fermes-delevage-de-saumons-en-norvege/

Et puis : http://murielortmans.be/le-scandale-des-fermes-delevage-de-saumon-en-norvege-la-suite/

Recherche sur Utube :

https://www.youtube.com/results?search_query=saumon+d%27%C3%A9levage+-+envoy%C3%A9+sp%C3%A9cial+FR2