Le chocolat est-il bon pour notre santé?

On attribue volontiers  les bienfaits du chocolat à sa teneur élevée en magnésium, minéral important pour l’énergie, la prévention du stress, des inflammations et du vieillissement.
Le chocolat en apporte certes environ 100 mg pour 100 g, mais c’est trois fois moins que la noix de cajou et les amandes, deux fois et demi moins que les haricots et les flocons d’avoine, à peine plus que le pain complet ou le poisson.

Mais à quoi sont donc alors dus « les effets santé » du chocolat ?
Le cacao est l’un des aliments courants les plus riches en flavonoïdes (une sorte de polyphénols).
Ces composés sont dits antioxydants parce qu’ils protègent nos cellules des dégâts provoqués par des particules très réactives que l’on appelle radicaux libres.
La poudre de cacao doit plus de 10 % de son poids à la présence de flavanols (un type de flavonoïdes) appelés catéchine et épicatéchine.
Ces flavanols sont effectivement absorbés : on en retrouve 25 à 50 % dans votre plasma une à trois heures après que vous ayez croqué ou bu du chocolat.
Le pic d’antioxydants est retrouvé deux à trois heures après ingestion : il est lié à la quantité avalée, et toujours détectable après 8 heures.

Ces flavonoïdes du chocolat exercent plusieurs effets : ils activent le monoxyde d’azote (NO), sont antioxydants (on pense qu’ils préservent aussi les antioxydants bien connus que sont les vitamines C et E), anti-inflammatoires, fluidifiants sanguins.
Les conséquences seraient une amélioration de la fonction endothéliale, des lipides du sang, de la pression artérielle, de la résistance à l’insuline et donc peut-être de la santé cardiovasculaire.

Chocolat et radicaux libres
Les flavanols du chocolat piègent les radicaux libres : au fur et à mesure que la concentration d’épicatéchine augmente on voit baisser les marqueurs biologiques de l’oxydation des graisses.
Les flavonoïdes du chocolat freinent modestement l’oxydation de la fraction LDL du cholestérol (« mauvais cholestérol), un événement que certains chercheurs associent aux plaques d’athérome dans les artères.

Chocolat et flore intestinale
D’après les chercheurs, polyphénols et flore intestinale s’influencent mutuellement et favorisent une bonne santé générale.
En effet, la flore intestinale transforme les polyphénols lorsqu’ils arrivent dans l’intestin. 5 à 10 % des polyphénols alimentaires sont absorbés dans l’intestin grêle et les bactéries du gros intestin agissent sur les 90 à 95 % restant pour former des dérivés métaboliques.
Les polyphénols et leurs dérivés qui sont absorbés au niveau de l’intestin passent par le foie, puis regagnent la circulation générale où ils sont distribués aux organes.
Or les polyphénols alimentaires ont une action sur la population microbienne. Près de 1 000 espèces peuplent la flore intestinale, mais seules certaines comme Escherichia coli, les bifidobactéries, lactobacilles, bactéroïdes, peuvent métaboliser les polyphénols.
La flore intestinale nous permet de lutter contre les désordres gastro-intestinaux, favoriser la digestion, et moduler la réponse immunitaire.
Il est possible de la modifier grâce aux probiotiques, des bactéries vivantes qui auraient de nombreux bénéfices pour la santé.

Selon des travaux récents, les polyphénols auraient des effets prébiotiques en modifiant la composition de la flore intestinale.
Certains polyphénols agissent sur la membrane bactérienne et ont des activités antimicrobiennes contre des bactéries pathogènes..
Ces modifications de la flore intestinale ont des conséquences sur l’immunité et expliqueraient en partie les bénéfices des polyphénols sur la santé.

Le chocolat et la fatigue
Dans la fatigue chronique, il y a souvent un déséquilibre parmi les neurotransmetteurs du cerveau, comme la sérotonine. Or le chocolat riche en cacao augmente certains neurotransmetteurs, à commencer par la sérotonine, mais aussi la phényléthylamine et un messager chimique appelé arachidonyl éthanolamide ou anandamide.
Ce neurotransmetteur ressemble au tétrahydrocannabinol, une substance active du cannabis, et à d’autres composés proches que l’on trouve dans le chocolat.
C’est peut-être en augmentant ces messagers chimiques que le chocolat lutte contre la fatigue.

Alors, bon pour la santé ?
Les études portant sur la santé des Indiens Kunas, une peuplade qui vit dans des îles au large de Panama et consomme des quantités impressionnantes de cacao chaque jour  (souvent avec du sel !) montrent que ces personnes n’ont pas d’hypertension, et que leur fonction rénale ne diminue pas avec l’âge, contrairement à ce que nous connaissons en Occident.
En plus, la mortalité cardiovasculaire y est faible.

Dans l’étude (prospective) Iowa Women’s Health Study qui portait sur 34 489 femmes ménopausées, la consommation d’aliments riches en flavonoïdes était associée à un risque de mortalité coronarienne réduit. Les femmes qui consommaient le plus de chocolat avaient aussi un risque réduit mais il n’était pas significatif au plan statistique.
Mais attention, le chocolat est régulièrement mis en cause dans l’apparition de calculs rénaux en raison de la présence d’acide oxalique.
Certains chercheurs s’inquiètent du fait que le chocolat stimule l’excrétion urinaire de calcium, qui pourrait affecter la santé osseuse. Une étude a trouvé que les femmes qui consomment le plus de chocolat ont une densité osseuse plus faible que les autres.

Quoi qu’il en soit, il semble que les bénéfices éventuels du chocolat s’estompent pour des consommations importantes.
Il semble raisonnable de conseiller jusqu’à 20 grammes de chocolat noir par jour (si possible plus de 80% de cacao).
Le chocolat noir est deux fois plus riche en antioxydants que le chocolat au lait (et il n’y en a pas dans le chocolat blanc). De plus, les antioxydants restants du chocolat au lait semblent très mal absorbés : en se liant aux flavonoïdes, les protéines du lait empêcheraient leur absorption.

A ce niveau de consommation, on devrait pouvoir bénéficier des effets positifs du chocolat.
Les personnes ayant eu des calculs rénaux à base d’oxalate de calcium doivent être prudentes (mais le chocolat n’est probablement pas l’aliment le plus risqué (moins qu’épinards, rhubarbe, café)…

PS : Certes le chocolat est bon pour nous mais certainement pas pour votre chien ou votre chat. D’une part il contient de la caféine et d’autre part il contient de la théobromine, une substance de la même famille. Alors que l’homme peut éliminer la théobromine très rapidement, le chien et le chat en sont incapables ce qui provoquera alors les mêmes symptômes que pour le café.
Plus le chocolat est noir plus le danger est élevé. Plus votre animal est de petit gabarit plus l’intoxication survient rapidement.

Source : dossier chocolat sur lanutrition.fr