Maladies à vendre

« Ca me fait de la peine que notre clientèle se réduise à des malades. Si on réussissait à produire des médicaments pour les bien-portants, alors on pourrait vendre nos produits à tout le monde »

Citation d’Henri GADSDEN, ancien directeur général du laboratoire Merck, fabriquant du Gardasil, vaccin contre le cancer du col de l’utérus.

Jusque dans les années 70, l’industrie pharmaceutique créait des médicaments pour guérir certaines maladies. Depuis, pour accroître sa rentabilité, elle en vient à inventer de nouvelles maladies pour vendre des médicaments.

Du taux de cholestérol à la dysfonction érectile en passant par la dépression et le trouble bipolaire, « Maladies à vendre » démonte les stratégies de marketing et de communication mises en oeuvre par l’industrie pharmaceutique, avec la complicité plus ou moins passive des experts médicaux et des autorités de santé, pour nous transformer en malades, c’est-à-dire en consommateurs de médicaments.

Le Professeur Even, explique … les fabricants de médicaments inventent des maladies, les premier exemples qu’il donne ; le syndrôme dysphorique prémenstruel … le syndrôme du lundi matin …
Ils inventent « un syndrôme », une maladie, ils recyclent une molécule (ici la molécule du Prozac), ils la mettent dans un nouvel emballage et la vendent 4x plus cher.
Les experts appellent ça du « façonnage de maladie ».

Un autre film : Cash investigation – FR2 – Les vendeurs de maladie

« Les vendeurs de maladies », est un reportage (1h31) de l’émission Cash Investigation (FR2) sur ces laboratoires qui inventent des maladies pour vendre toujours plus de médicaments, une enquête qui rassemble les preuves de tels agissements.

Pendant plus de six mois, les équipes de Cash Investigation ont enquêté sur certaines pratiques de l’industrie pharmaceutique, et ont découvert l’invraisemblable. Depuis une quinzaine d’années, de grands laboratoires, à l’étranger et en France, inventent des maladies pour vendre toujours plus de médicaments. Cette pratique douteuse à but commercial visant à tromper, voire manipuler les consommateurs, peut nuire gravement à la santé à cause des effets secondaires importants, à défaut d’avoir des effets principaux avérés de ces médicaments, pour lesquels ils ont déjà prévu de nouveaux médicaments !
Être un enfant turbulent, un adulte timide, une personne âgée, avoir le trac ou un peu de tension deviennent ainsi de véritables « pathologies » qu’il faut traiter.

Elise Lucet se penche sur un sujet qui dérange et ce, dans le but d’alerter l’opinion publique. Elle part à la rencontre des responsables des entreprises mises en cause pour les interroger, et réclame des comptes aux médecins payés pour dorer la pilule, les traquant à la sortie des colloques pour contourner les services de presse, pointant les conflits d’intérêt, preuves à l’appui.

« Il est temps que les gens sachent ! Nous montrons ce que cachent le marketing et la communication bien lissés de ces géants. Il est notoire que journalistes et attachés de presse travaillent ensemble alors que, parfois, leurs intérêts divergent. Je voulais casser ces interviews entendues et faire dériver le sujet vers des questions plus sensibles et carrément dérangeantes. Montrer comment ces professionnels des relations avec la presse et le public cherchent parfois à nous piéger, journalistes et citoyens ».
Le magazine d’enquêtes se propose ainsi d’être « un lanceur d’alertes », une sentinelle pour les citoyens.

Fausses pathologies, syndromes fictifs etc., certains laboratoires inventent donc de toutes pièces une pathologie pouvant correspondre à la nouvelle molécule qu’ils viennent de mettre au point. Les laboratoires Merck et Sanofi, entre-autres, sont mis en cause dans cette enquête.

_____________________________________

Ces labos passent du temps à réfléchir sur la meilleure façon d’augmenter leurs parts de marché, leurs bénéfices.
D’après le Pr M. Angel de l’université d’Harvard, les laboratoires essayent à travers des maladies mal définies de toucher les gens « normaux » en bonne santé.
Ils le font parfois en créant des maladies de toute pièce, parfois en étendant le périmètre des maladies, et comme ça le marché s’agrandit.  Ils baissent les seuils de diagnostic, leur but : traiter le plus de gens possible, le plus longtemps possible (ex : le cholestérol et la tension artérielle).
Pour les industries pharmaceutiques, il y a deux groupes de personnes : ceux qui sont malades et ceux qui ne le sont pas encore.

Un autre exemple donné dans le reportage est le « syndrôme de la bedaine ». Ils ont pris 4 maladies déjà connues : l’hypertension, le cholestérol, le diabète et l’obésité, et l’ont réduit à un facteur : la bedaine.
C’est un nouvel emballage qui ne sert à rien, mais leur permet d’englober le plus de personnes possible, de communiquer, et de sortir un nouveau médicament.
Les causes de ces maladies se trouvent dans l’alimentation et l’hygiène de vie, et ils proposent de les résoudre grâce à un médicament qui a des effets secondaires redoutables, des troubles psychiques graves (dépression, anxiété).
Ils avaient fait un tel tapage médiatique avant sa sortie que ce médicament était attendue comme une révolution.
1 an après son lancement, il est interdit en France !
Et pourtant dans les essais cliniques, les patients sous cette molécule furent 2,5x plus nombreux que ceux placés sous placebo a arrêter le traitement pour cause de dépression!

Normalement le doute devrait protéger les patients (serment d’Hyppocrate : ne pas nuire), depuis très longtemps il bénéficie au médicament : les chercheurs disent que les résultats ne sont pas « significatifs », que ce n’est pas prouvé que la cause soit le médicaments, qu’il faut le mettre sur le marché, et après on verra … On a vu ! des accidents et des scandales !

Les labos pharmaceutiques instrumentalisent les médecins. Ils paient leur recherche, leur donnent des prix, les forment, leur offrent des voyages …
Selon les chiffres de la journaliste, en France, les laboratoires dépensent 25.000€/an/par médecin pour les influencer.

Pour mieux vendre, les labos doivent nous faire peur, c’est la clé centrale de leur stratégie :

Peur de vieillir, peur d’attraper des maladies, peur d’avoir des problèmes, …
Est-ce que le vieillissement est une maladie? non, bien entendu.
Mais quand il s’agit de la densité du squelette, la référence est le squelette d’une femme de 30 ans !
Ils transforment certaines caractéristiques de la vie courantes en symptômes, c’est une façon de dire aux gens en bonne santé qu’ils sont malades.

Ils prennent l’exemple d’un médicament pour le traitement de l’ostéoporose.
Dans les tests cliniques, ce médicaments devient dangereux après 3 ans, hors il est prescrit « à vie » par les médecins.
La FDA dit que notre risque de fracture en vieillissant n’est que de 2%, la publicité de ce médicament dit qu’il réduit le risque de fracture de moitié !  Magnifique, ça fait qu’il évitera 1 facture sur 100 personnes.
A côté de ça, à cause de ce médicament (Fosamax), aux USA, 1700 plaintes ont été déposées contre la firme Merckx pour « nécrose de la mâchoire », un effet secondaire très invalidant et très douloureux.
Le risque de nécrose de la mâchoire est de 1/23, c’est à dire plus que 4%, c’est à dire largement supérieur au risque de fracture du départ !

Je ne vous ai repris que quelques exemples de ces films, ça vaut la peine de les regarder en entier pour se rendre compte à quel point les industries pharmaceutiques ne sont pas là pour s’occuper de notre santé, mais bien pour s’enrichir.
Et sans éthique aucune !